Vous êtes insatisfait des frais de tenue de compte de votre banque actuelle ? Vous avez trouvé un établissement bancaire proposant des services plus avantageux ? Changer de banque même avec un crédit immobilier en cours est aujourd’hui plus simple qu’auparavant, grâce notamment à la loi Macron et au dispositif d’aide à la mobilité bancaire. Pourtant, cette démarche suscite encore de nombreuses interrogations et appréhensions. Découvrons ensemble comment procéder efficacement et quelles précautions prendre pour que ce changement se déroule sans accroc.
La mobilité bancaire : un droit simplifié par la loi Macron
Depuis 2017, la loi Macron a considérablement facilité les démarches de changement de banque pour les particuliers. Le service d’aide à la mobilité bancaire permet désormais de transférer automatiquement l’ensemble des opérations récurrentes (prélèvements automatiques et virements permanents) de votre ancien compte vers votre nouveau compte bancaire.
Définition : La mobilité bancaire désigne l’ensemble des dispositifs permettant à un client de changer d’établissement bancaire en simplifiant les démarches administratives liées au transfert des opérations courantes. Ce service est gratuit et encadré par la loi depuis février 2017.
Ce dispositif a considérablement réduit les obstacles administratifs au changement d’établissement bancaire. Concrètement, lorsque vous ouvrez un compte dans une nouvelle banque, celle-ci peut se charger, à votre place et gratuitement, d’informer tous les organismes qui effectuent des prélèvements ou virements réguliers sur votre compte.
Toutefois, la présence d’un crédit immobilier ou d’un autre prêt nécessite quelques démarches spécifiques qui ne sont pas automatiquement prises en charge par ce dispositif. C’est pourquoi il est essentiel de bien comprendre les implications d’un changement de banque lorsqu’on a des crédits en cours.
Les options possibles avec un crédit en cours
Contrairement à une idée reçue, avoir un crédit en cours ne vous empêche pas de changer de banque. Vous disposez de plusieurs alternatives, chacune avec ses avantages et inconvénients :
1. Conserver votre crédit dans votre banque actuelle
La solution la plus simple consiste à maintenir votre prêt dans votre banque d’origine tout en transférant vos opérations courantes vers votre nouvel établissement. Cette option présente plusieurs avantages :
- Aucune pénalité ou frais de remboursement anticipé à prévoir
- Conservation des conditions initiales de votre prêt (taux, assurance, etc.)
- Procédure simple et rapide, sans renégociation nécessaire
Toutefois, cette configuration implique de gérer deux comptes bancaires simultanément : l’un pour vos opérations quotidiennes, l’autre uniquement pour le remboursement de votre crédit. Vous devrez veiller à approvisionner régulièrement le compte lié à votre prêt pour éviter tout incident de paiement.
2. Transférer votre crédit vers votre nouvelle banque
Si vous préférez centraliser l’ensemble de vos opérations bancaires auprès d’un seul établissement, le rachat de crédit peut être une solution pertinente. Il s’agit fondamentalement d’un refinancement : votre nouvelle banque vous accorde un prêt qui sert à rembourser intégralement celui contracté auprès de votre banque initiale.
Cette option peut s’avérer particulièrement intéressante si :
- Les taux d’intérêt actuels sont plus avantageux que ceux de votre prêt initial
- Vous souhaitez renégocier les termes de votre crédit immobilier (durée, mensualités)
- Les frais de remboursement anticipé sont compensés par les économies réalisées
Avantages du rachat de crédit | Inconvénients du rachat de crédit |
Possibilité d’obtenir un taux plus avantageux | Indemnités de remboursement anticipé (jusqu’à 3% du capital restant dû) |
Centralisation de tous vos services bancaires | Nouveaux frais de dossier et de garantie |
Opportunité de revoir la durée ou les mensualités | Processus plus long et complexe |
Pour déterminer si cette option est avantageuse dans votre situation, il est recommandé de réaliser une simulation précise intégrant l’ensemble des coûts associés à ce transfert.
Procédure pas à pas pour changer de banque avec un crédit
Pour optimiser votre changement de banque lorsque vous avez un crédit en cours, suivez cette démarche structurée en quatre étapes clés :
Étape 1 : Ouvrir un compte dans votre nouvelle banque
Commencez par ouvrir un compte auprès de votre nouvel établissement bancaire. Cette première étape est essentielle et requiert généralement :
- Une pièce d’identité en cours de validité
- Un justificatif de domicile de moins de trois mois
- Un spécimen de signature
- Éventuellement, un premier versement pour alimenter le compte
Une fois votre compte ouvert, vous recevrez vos identifiants bancaires (RIB) qui seront nécessaires pour les démarches suivantes. Si vous envisagez un rachat de crédit, c’est également le moment d’entamer les discussions avec votre conseiller.
Étape 2 : Activer le mandat de mobilité bancaire
Pour faciliter le transfert de vos opérations récurrentes, signez un mandat de mobilité bancaire auprès de votre nouvelle banque. Ce document l’autorise à effectuer pour vous les démarches suivantes :
- Récupérer auprès de votre ancienne banque la liste de vos prélèvements et virements récurrents sur les 13 derniers mois
- Informer les émetteurs de prélèvements et virements de vos nouvelles coordonnées bancaires
- Mettre en place ces opérations sur votre nouveau compte
Important : Le service de mobilité bancaire ne prend pas automatiquement en charge le transfert des prélèvements liés à vos crédits en cours. Si vous conservez votre crédit dans votre banque actuelle, vous devrez maintenir ce compte suffisamment approvisionné.
Ce processus prend généralement entre deux et quatre semaines pour être totalement effectif, selon la réactivité des différents organismes concernés.
Étape 3 : Traiter spécifiquement votre crédit immobilier
Si vous avez opté pour le maintien de votre crédit dans votre banque actuelle :
- Assurez-vous que le compte dédié au remboursement reste suffisamment approvisionné
- Mettez en place un virement permanent depuis votre nouveau compte vers l’ancien
- Informez votre banque actuelle de votre intention de conserver uniquement le crédit
Si vous avez choisi le rachat de crédit par votre nouvelle banque :
- Constituez un dossier complet (tableau d’amortissement, offre de prêt initiale, assurance)
- Comparez attentivement les conditions proposées par rapport à votre prêt actuel
- Calculez précisément le coût global incluant les indemnités de remboursement anticipé
- Une fois l’offre acceptée et le délai de réflexion passé, votre nouvelle banque se chargera du remboursement auprès de l’ancien établissement
Pour éviter toute turbulence dans vos finances, documentez soigneusement chaque étape de ce processus et conservez tous les justificatifs.
Étape 4 : Clôturer votre ancien compte (si applicable)
Une fois que toutes vos opérations récurrentes ont été correctement transférées et que la situation de votre crédit est réglée, vous pouvez envisager la clôture de votre ancien compte si celui-ci n’est plus nécessaire. Cette démarche est gratuite et peut être effectuée par :
- Un courrier recommandé avec accusé de réception
- Une demande directe auprès de votre conseiller
- Le formulaire de clôture disponible sur l’espace client en ligne
Avant de procéder à cette clôture, vérifiez qu’aucune opération n’est en attente et que tous vos moyens de paiement liés à ce compte (chèques, carte bancaire) ont bien été restitués ou invalidés.
Les pièges à éviter lors du changement de banque avec un crédit
Plusieurs écueils peuvent compromettre la réussite de votre changement d’établissement bancaire lorsque vous avez un crédit en cours. Soyez particulièrement vigilant face à ces situations :
Négliger le coût réel du rachat de crédit
Si vous optez pour un transfert de votre prêt, calculez méticuleusement le coût global de l’opération. De nombreux frais peuvent s’ajouter au simple différentiel de taux :
- Indemnités de remboursement anticipé (IRA) : jusqu’à 3% du capital restant dû pour un crédit immobilier
- Frais de dossier pour le nouveau prêt
- Coût d’une nouvelle garantie (hypothèque, privilège de prêteur de deniers, caution)
- Frais éventuels de mainlevée d’hypothèque
Pour vous assurer que l’opération est réellement profitable, comparez le coût total restant de votre crédit actuel avec celui du nouveau prêt majoré de tous ces frais. Ce calcul est essentiel pour dépenser moins d’argent sur le long terme.
Ignorer les clauses d’assurance emprunteur
L’assurance emprunteur représente un poste de dépense significatif dans le coût global d’un crédit immobilier. Lors d’un rachat, vérifiez attentivement :
- Si les garanties proposées sont équivalentes à celles de votre contrat actuel
- Les conditions de résiliation de votre assurance actuelle
- La possibilité de délégation d’assurance pour optimiser ce poste de dépense
Une différence de couverture même minime pourrait avoir des conséquences importantes en cas de sinistre, tout comme une hausse de prime pourrait réduire considérablement les économies réalisées sur le taux d’intérêt.
Mal synchroniser les opérations de transfert
Un défaut de coordination temporelle entre l’ancien et le nouveau compte peut entraîner des incidents de paiement, particulièrement préjudiciables pour votre crédit en cours. Pour éviter ce risque :
- Ne clôturez jamais votre ancien compte avant d’être certain que toutes les opérations liées à votre crédit sont correctement prises en charge
- Gardez une provision suffisante sur chaque compte pendant la période de transition
- Suivez activement l’évolution des prélèvements sur vos deux comptes
Si vous répartissez votre argent entre plusieurs banques, assurez-vous de mettre en place des alertes de solde pour éviter tout découvert imprévu.
Une démarche accessible mais qui demande de la méthode
Changer de banque même avec un crédit en cours est aujourd’hui une démarche tout à fait réalisable grâce aux dispositifs de mobilité bancaire. Que vous optiez pour le maintien de votre prêt dans votre établissement actuel ou pour un rachat par votre nouvelle banque, la clé du succès réside dans une préparation minutieuse et une exécution méthodique.
N’hésitez pas à solliciter l’accompagnement de votre nouvelle banque, qui a tout intérêt à faciliter votre transition. Comparez attentivement les options qui s’offrent à vous, en tenant compte non seulement des économies immédiates mais aussi des avantages à long terme. Si vous envisagez d’investir vos économies réalisées grâce à ce changement, plusieurs possibilités s’offrent à vous pour faire fructifier ce capital.
Enfin, gardez à l’esprit que la mobilité bancaire est un droit du consommateur que les établissements se doivent de faciliter. Si vous rencontrez des difficultés ou des résistances injustifiées, n’hésitez pas à vous référer aux textes légaux encadrant cette pratique ou à solliciter les associations de consommateurs qui pourront vous conseiller.
La mobilité bancaire constitue un levier efficace pour optimiser vos finances personnelles, même lorsque vous êtes engagé dans un crédit immobilier. Elle vous permet de bénéficier des meilleures offres du marché sans être prisonnier d’une relation bancaire qui ne vous satisfait plus. En suivant méthodiquement les étapes décrites et en évitant les pièges identifiés, vous pourrez mener à bien ce changement et potentiellement réaliser des économies substantielles sur le long terme.